Vesna Stefanovska, marraine de la candidature

Originaire de Macédoine du Nord, la plasticienne Vesna Stefanovska fait partie des marraines européennes de la candidature de Rouen comme Capitale européenne de la culture.

Née à Skopje en 1973, où elle grandit, après avoir terminé l’école supérieure d’architecture, Vesna Stefanovska obtient un diplôme de sculpture à l’Académie des beaux-arts de la République de Macédoine du Nord. De 1997 à 2000, elle vit à Prague, en République tchèque, où elle obtient un MFA de recherche en sculpture universelle et nouveaux médias à l’Académie des Arts Décoratifs – UMPRUM. Elle est également titulaire d’un master en gestion culturelle de l’Institut d’études européennes de l’Université de Paris 8 en France. Elle a eu des expositions individuelles en France et en Macédoine du Nord et a participé à de nombreuses expositions collectives à l’étranger. Elle vit à Paris.

Pourquoi j’ai accepté d’être marraine ?

Cet engagement résonne avec mon parcours citoyen, créatif et artistique et que je veux toujours inscrire dans quelque chose de plus grand et plus noble.

J’ai une relation privilégiée avec la Normandie qui depuis mon arrivée à Paris est devenue une source d’énergie et d’inspiration et en particulier avec Rouen qui est la destination de mon voyage le plus extraordinaire, un voyage qui a révolutionné mon travail et mes recherches.

Un jour d’automne en 2002 j’avais l’opportunité soudaine de réaliser une de mes installations majeures sur notre perception du temps et de l’espace. Sans temps pour me préparer je me suis retrouvée, très pressée au guichet de la Gare Saint Lazare à demander “un billet pour un trajet direct d’environ 90 minutes avec un retour dans la journée”, une demande de moins inhabituelle pour la personne au guichet. L’explication était technique et partiellement hypothétique alors j’ai regardé le tableau affichant les prochains départs et j’ai simplement demandé : “Rouen s’il vous plaît ». Quelques minutes plus tard, j’étais en train de filmer dans le train. Quand on filme le paysage de la fenêtre d’un train en mouvement en Normandie, c’est comme si on entrait dans le ring avec le champion du monde de la lutte sans jamais avoir fait de la lutte avant. On est en prise avec la lumière. Une lumière puissante, omniprésente qui domine et vous fait tous les coups possibles avec la vitesse qui est la sienne – de la lumière, écartant toute improvisation possible. Je n’avais pas la possibilité d’arrêter la caméra ni de faire pause, tout comme je ne pouvais pas faire revenir le train en arrière pour faire une “bonne prise”. C’est ce que j’appelle Action filming : j’ai dû m’adapter, me concentrer et agir ; face à la lumière on est…lumière ! (Équipé d’un corps humain et une caméra en termes de moyens techniques). Telle était la tension qui était la mienne quand je suis arrivé à Rouen. Le temps que je reprenne mes esprits j’étais déjà loin de la gare. Quel spectacle ! La ville déroulait ses rues délicatement sous mes pas, sous un ciel majestueux ou la lumière faisant défiler les nuages. Elle était belle. Rouen ne pouvait pas être une ville ordinaire. A moment donné je suis arrivé d’avant le monument de Jeanne d’Arc, tiens je la connais, c’est à ce moment que mon esprit a opéré une localisation spatio-temporelle me faisant revenir à moi, très peu de temps avant le départ de mon train de retour.

Ce que je vais faire pour la candidature :

Concrètement je vais ouvrir mon réseau et joindre la dynamique de mon travail artistique et de mes projets créatifs à la dynamique de cette candidature en soutenant les échanges et les collaborations existants et en en initiant de nouveaux. Dans mon expérience la culture est plurielle et dynamique. C’est un processus générateur de création, de recherche, de collaboration, d’échanges, elle s’inscrit dans la durée et reste une valeur constante.

La candidature de Rouen Capitale Européenne de la culture ouvre un espace extraordinaire pour les échanges à toutes les échelles, tant elle est au cœur d’une région située au centre du continent. Il suffit de prendre un compas et de choisir Rouen comme centre, mettre l’autre bras sur la pointe la plus éloigné à l’est et tracer un cercle pour réaliser l’ouverture que sa situation génère pour des échanges.

Son site Internet : http://vesnastefanovska.com/